planche publiée le 24 janvier 2025

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Table des matières

Contexte

1À partir des données de la planche sur la pauvreté, pour caractériser les carreaux les plus pauvres (soit plus de 18 % de pauvreté), nous avons choisi un ensemble de déterminants sociaux (Annexe 1) dits classiques (Cusin, 2023) : taille des ménages, taux de familles monoparentales, de propriétaires, de logements collectifs ou de maison, de logements sociaux, l’année de construction des bâtiments, ou encore l’âge des individus. Trois classes émergent avec des taux de pauvreté autour de 25 %.

• La classe 1 « Familles monoparentales, nombreuses et logements sociaux » se caractérise par une sur-représentation des ménages de cinq individus ou plus, des familles monoparentales, plutôt jeunes. Ils vivent en logements collectifs et surtout sociaux, construits après les années 1990.
• La classe 2 « Petits propriétaires séniors » regroupe surtout des ménages seuls, de plus de 65 ans. Ils sont majoritairement propriétaires d’une maison.
• Enfin, la classe 3 « Familles propriétaires » compte plus de ménages de cinq individus – avec une légère sur-représentation des moins de 18 ans – propriétaires de leurs maisons, qui datent d’avant 1945 ou des années 1970-1990.

La pauvreté dans la ville d’Angers : logements sociaux, étudiants et petits propriétaires

2Deux classes sont surtout présentes pour caractériser les espaces de la pauvreté à Angers : les classes 1 et 3. La première caractérise près de 90% des Quartiers Politique de la Ville (QPV). Dans ces quartiers qui concentrent les logements sociaux existe une sur-représentation des familles monoparentales et nombreuses. Celles-ci tendent donc à regrouper plus de mineurs (d’où le taux important de moins de 18 ans). Un des facteur-clés est la forte présence dans ces quartiers des populations immigrées avec de nombreux enfants (Cusin, 2023), ce qui n’est pas sans conséquence sur les représentations de ces espaces souvent stigmatisés (cf. dans cet atlas la planche d’Alexandra Clavé-Mercier sur la Roseraie).

3En marge de ces QPV, la classe 3 apparaît aussi. Une double géographie sociale de la ville peut ici être décrite : celle des étudiants et celle des petits propriétaires. Comme analysé dans la carte précédente, les quartiers du centre-ville et de la Doutre comptent de nombreux étudiants qui, avec des faibles revenus, tentent de profiter d’une localisation préférentielle. Mais cette classe 3 montre aussi la géographie des petits propriétaires. Ils peuvent se situer en marge ou dans les quartiers HLM en bénéficiant d’un logement en accession sociale (Stébé, 2022). Ces classes 1 et 3 relèvent aussi les petits propriétaires dispersés dans la ville d’Angers.

Sources : IGN, 2020. INSEE, 2019. Conception : Brouard-Sala Q., 2025. Crédits : ESO-Angers, 2025

Typologie de la pauvreté à l'échelle du centre-ville d'Angers en 2019

La pauvreté dans l’aire urbaine : une géographie des locataires dans les petites villes et des petits propriétaires dans les campagnes plus éloignées

4À l’échelle de l’Aire d’Attraction de la Ville d'Angers, les trois classes se distinguent. Mentionnons d’abord la classe 2 que nous n’avons pas encore évoquée. En pleine campagne dans des hameaux ou dans des lotissements en bordure de villages, c’est la France des petits propriétaires âgés qui est identifiable ici. Caractérisés par des logements achetés voire construits dans les années 1970-1990 ou avant 1945, ces ménages d’un individu résident souvent dans leur maison depuis de nombreuses années. La classe 3 se situe quant à elle dans des campagnes plus lointaines d’Angers mais dans des lotissements plus proches des petites villes et des villages : par exemple en bordure des communes de La Chapelle-Saint-Laud, Corné ou Saint-George-du-Bois. Avec moins de ménages séniors, ce sont surtout les familles avec de faibles ressources économiques qui sont contraints de vivre dans ces campagnes lointaines, sous l’effet des prix immobiliers et donc d’une certaine captivité des ménages à leur logement (Rougé, 2005).

Sources : IGN, 2020. INSEE, 2019. Conception : Brouard-Sala Q., 2025. Crédits : ESO-Angers, 2025

La pauvreté à l'échelle de l’Aire d’Attraction de la Ville d’Angers en 2019

5Enfin, une géographie des petites villes est identifiable à partir de la classe 1. Composée de plus de logements collectifs, locatifs et sociaux, elle est un autre aspect important des campagnes. Cette pauvreté se localise dans les centres de nombreux de petits pôle ruraux : Châteauneuf-sur-Sarthe, Le Lion-d’Angers, Huillé, Chalonnes-sur-Loire, etc.

En conclusion

6Cette planche montre des situations différenciées entre locataires dans les quartiers de la politique de la ville d’Angers ou dans les petites villes, les étudiants dans la Doutre ou le centre-ville d’Angers, les propriétaires avec de petits moyens en périphérie de la ville ou dans les campagnes plus distantes de la ville centre. La lecture par tranche d’âges permet aussi de différencier plusieurs typologies de pauvreté. Face à cette diversité, comment répondre à cet enjeu ? Des politiques de solidarité sont mises en place au niveau national ainsi qu’au niveau local par la ville d’Angers ou d’autres communes avec les CCAS. Ainsi la « douceur angevine » est parfois pointée quand, comme en juin 2024 dans le magazine de la ville, les élus d’opposition d’Angers se sont alarmés de la précarité importante dans la ville pour appeler à une augmentation importante des logements sociaux. De nombreuses associations s’en inquiètent aussi dans le département et tentent de porter ce message.

Quentin Brouard-Sala, 2025 : « La pauvreté économique dans l’Aire d’Attraction et la Ville d’Angers (2/2) », in H. Davodeau, L. Guillemot & S. Giffon, Atlas Social d'Angers [En ligne], eISSN : 2968-0255, mis à jour le : 24/01/2025, URL : https://atlas-social-angers.fr:443/index.php?id=1222, DOI : https://doi.org/10.48649/asda.1222.