planche publiée le 05 février 2025

Votre fichier est en cours de création, veuillez patienter...

Table des matières

Zonage de l'étude en 6 territoires

Sources : Angers-Loire-Métropole, 2024. EVE 2008-2009, EVE 2011-2012, EVE 2022-2023. Conception : Launay J., 2025. Crédits : ESO-Angers, Université d'Angers-CNRS, Atlas Social d'Angers, 2025.

Les six territoires : Belle-Beille, Centre-ville, Quartiers périphériques, Communnes de la première couronne d'Angers-Loire-Métropole, Autres communes d'Angers-Loire-Métropole, Communes hors Angers-Loire-Métropole.

Un marché immobilier de plus en plus tendu

1Souvent médiatisé, y compris dans la presse nationale (REY-LEFEBVRE I., le Monde du 6 janvier 2022), la recherche de logement pour les étudiant-es angevin-es est devenu un véritable défi ces dernières années. Pour cause, la place qu’occupent les étudiant-es dans l’agglomération est nettement plus importante aujourd’hui qu’il y a dix ans. Depuis 2010, alors que la population totale de la communauté urbaine Angers Loire Métropole a augmenté de 9%1, celle de la population étudiante a progressé de 29%2, soit 20 points de plus. Ce nouveau contexte démographique, qui place Angers parmi les villes les plus « étudiantes » de France, n’est pas sans poser de difficultés pour loger l’ensemble des inscrit-es des différents établissements de l’agglomération angevine.

Sources : Angers-Loire-Métropole, 2024. AURA-Agence d'Urbanisme de la Région Angevine, 2023. Conception : Launay J., 2025. Crédits : ESO-Angers, Université d'Angers-CNRS, Atlas Social d'Angers, 2025.

Localisation des principaux établissements d’enseignement supérieur autour d’Angers et résidences étudiantes

2Malgré la construction de nouvelles résidences étudiantes ces dernières années, force est de constater que l’évolution du parc locatif à Angers n’a pas suffi à répondre aux demandes des étudiant-es. En 2022-2023, parmi les étudiant-es décohabitant-es (pratiquant la décohabitation) 57% ont déclaré avoir trouvé « très difficilement » ou « assez difficilement » leur logement contre 14% en 2008-2009. Et s’il ne fait aucun doute que le marché immobilier est de plus en plus tendu, il convient de souligner qu’une fois le Graal obtenu, les étudiant-es se trouvent confronté-es à un autre problème, celui du financement de leur loyer et des charges qui y sont associées. C’est vraisemblablement ce nouveau contexte qui explique, au moins en partie, que le budget des décohabitant-es, dont le premier poste de dépense reste le logement3, soit passé de 456€/mois à 529€/mois4 entre 2008 et 2022.

Une dispersion progressive du logement étudiant

3Par ailleurs, et ce n’est pas sans lien avec cette conjoncture, nous pouvons faire l’observation d’une transformation de la géographie des logements étudiants. Alors qu’en 2008-2009 et en 2011-2012 celle-ci pouvait être qualifiée de « bipolaire » en raison des fortes concentrations d’étudiant-es dans le centre-ville historique5 et sur le quartier de Belle-Beille, nous faisons face aujourd’hui à une véritable dispersion des étudiant-es dans d’autres territoires, à commencer par les communes périphériques d’Angers (Trélazé, Les Ponts-de-Cé et Saint-Barthélémy-d'Anjou). La part d’étudiant-es résidant-es dans des communes de premières couronnes a augmenté de 4 points, elle est de 2 points pour les autres communes du département, et de 5 points pour les autres communes de la région et d’ailleurs.

Répartition des étudiant-es par territoires de résidences entre 2008-2009 et 2022-2023

Sources : EVE 1, EVE 2, EVE 3. Conception : Launay J., 2025. Crédits : ESO-Angers, Université d'Angers-CNRS, Atlas Social d'Angers, 2025.

Quartiers périphériques : Monplaisir, Lac de Maine, La Roseraie, Hauts-de-Saint-Aubin, Deux-Croix. Communes première couronne : Avrillé, Beaucouzé, Bouchemaine, Les Ponts-de-Cé, Sainte-Gemmes-sur-Loire, Trélazé, Saint-Barthélémy-d'Anjou, Ecouflant, Saint-Sylvain-d'Anjou.

4Et si le centre-ville reste toujours aujourd’hui la principale destination résidentielle des étudiant-es (36%), il importe de préciser qu’elle l’est avant tout pour celles et ceux qui étudient au plus près, à savoir sur le campus de St-Serge (45%). Les étudiant-es de Santé vont avoir tendance à se tourner vers les périphéries, tandis que les étudiant-es du campus de Belle-Beille sont plus nombreux-ses à s’installer sur ce même quartier. Malgré une dispersion progressive, la place qu’occupe les sites de l’Université d’Angers continuent de jouer une fonction déterminante sur la répartition des étudiant-es dans l’espace.

Répartition des étudiant-es par territoires de résidences selon le site où ils étudient en 2022-2023

Sources : EVE 1, EVE 2, EVE 3. Conception : Launay J., 2025. Crédits : ESO-Angers, Université d'Angers-CNRS, Atlas Social d'Angers, 2025.

Quartiers périphériques : Monplaisir, Lac de Maine, La Roseraie, Hauts-de-Saint-Aubin, Deux-Croix. Communes première couronne : Avrillé, Beaucouzé, Bouchemaine, Cantenay-Epinard, Les Ponts-de-Cé, Sainte-Gemmes-sur-Loire, Trélazé, Saint-Barthélémy-d'Anjou, Ecouflant, Saint-Sylvain-d'Anjou.

5Enfin, nous pouvons observer des mobilités résidentielles au fil de l’avancement dans l’âge. Étroitement lié aux situations de cohabitation qui caractérisent le début des études, nous pouvons voir que les plus jeunes (les « 18 ans et moins ») vont être plus nombreux-ses à vivre chez leurs parents, et ainsi à résider en dehors d’Angers (41%). Ensuite, celles et ceux qui ont entre 19 et 24 ans vont avoir tendance à se rapprocher de leur lieu d’étude et à faire l’expérience au plus près de la vie étudiante puisque la majorité s’installe en centre-ville (37%). Enfin, les étudiant-es plus âgé-es (les « 25 ans et plus »), font partie des individus qui vont s’éloigner des quartiers périphériques, et en particulier de Belle-Beille, pour faire le choix soit du centre-ville d’Angers (36%) soit de résider dans une autre commune (50%). Cette information permet de préciser qu’au-delà des évolutions du marché immobilier et de la place des sites d’études, ce qui caractérise la géographie du logement étudiant c’est la situation biographique des uns et des autres. D’une certaine manière, les plus éloigné-es de l’expérience de la vie étudiante sur place sont les plus « jeunes » et les plus « âgé-es ».

Répartition des étudiant-es par territoires de résidences selon la classe d’âge en 2022-2023

Sources : EVE 1, EVE 2, EVE 3. Conception : Launay J., 2025. Crédits : ESO-Angers, Université d'Angers-CNRS, Atlas Social d'Angers, 2025.

Quartiers périphériques : Monplaisir, Lac de Maine, La Roseraie, Hauts-de-Saint-Aubin, Deux-Croix. Communes première couronne : Avrillé, Beaucouzé, Bouchemaine, Cantenay-Epinard, Les Ponts-de-Cé, Sainte-Gemmes-sur-Loire, Trélazé, Saint-Barthélémy-d'Anjou, Ecouflant, Saint-Sylvain-d'Anjou.

En conclusion

6Si des classements comme celui du média L’Étudiant présentent Angers comme la « ville préférée des étudiants »6, il s’y cache une réalité moins flatteuse. Pour faire l’expérience de la vie étudiante à Angers encore faut-il trouver un logement et avoir les moyens de le financer. C’est au cœur de ce contexte immobilier tendu et onéreux que de plus en plus d’étudiant-es semblent être contraint-es de s’éloigner de la ville universitaire. Or cette nouvelle géographie n’est pas sans effets sur le quotidien des étudiant-es. Cela entraîne par exemple une augmentation du nombre d’étudiant-es contraint-es d’effectuer des trajets quotidiens et parfois longs entre leur domicile et leur lieu d’étude7. En quinze ans, la proportion de ces « étudiants-navetteurs » (Prugneau et Pihet, 2017, p. 69) est passée de 27% à 38%.

Jaoven Launay, 2025 : « Être étudiant-e à Angers et se loger (1/2) », in H. Davodeau, L. Guillemot & S. Giffon, Atlas Social d'Angers [En ligne], eISSN : 2968-0255, mis à jour le : 26/02/2025, URL : https://atlas-social-angers.fr:443/index.php?id=1233, DOI : en attente.